Wednesday, February 16, 2011

WikiLeaks vs. Too Big to Fail ?

Les régimes autoritaires qui reposent sur l'antique modèle du contrôle de l'information subissent la mondialisation de l'information comme un acide : comment contrôler une information qui n'est plus frelatée par les suppôts du pouvoirs, mais qui submerge les citoyens de partout ? Le gouvernement égyptien a bien tenté de "couper" son pays d'Internet au début de la révolte, mais l'Internet rentre par la fenêtre des satellites si on lui ferme la porte des câbles, et le pouvoir se rend lui-même impotent, ainsi que les entreprises, en usant de moyens "disruptifs" trop lourds : après quelques jours, la tentative dut être rapportée et la suite est connue.

En regard de corporations géantes telles que Goldman Sachs et Bank of America, les gouvernements égyptiens et tunisiens apparaissent, dans le domaine de l'information, comme d'aimables plansantins. Ces entreprises géantes disposent, en effet, de moyens financiers considérables et ont, de l'art de la communication moderne, une pratique de virtuose. Est-il souhaitable que de telles entreprises soient soumises à un traitement WikiLeaks ? Les deux entreprises citées font partie de la famille des too big to fail. Ces entreprises ont cru et prospéré à l'ombre avantageuse de la propriété privée, alors qu'elles bénéficient de la garantie des pouvoirs publics en cas de déconfiture — parce que too big to fail, c'est-à-dire que leur faillite risquerait d'emporter par effet de panique et de contagion, tout le système économique. De ce point de vue, les citoyens contribuables sont en droit d'attendre de ces entreprises TBTF le même degré de transparence qu'ils exigent, légitimement, de leurs Etats. Cette accountability, c'est ce que ces TBTF ne sont pas du tout prêtes à donner. D'où l'intérêt d'un traitement de choc à la WikiLeaks.

No comments:

Post a Comment